Depuis les années 90, le Cameroun s’est engagé dans un système de commercialisation libéralisé, où le prix de la fève est déterminé par le marché ; ceci implique de respecter les normes internationales, de promouvoir la transparence dans les transactions et de favoriser la libre concurrence, pour garantir des prix équitables et compétitifs, car contrairement à d’autres pays comme la Côte d’Ivoire, qui stabilisent leurs prix, le Cameroun subit la dure loi du marché, et doit s’adapter aux exigences et contraintes des exigences du marché européen, son principal acheteur du cacao. Des normes et standards relatifs à la sécurité alimentaire, à la traçabilité et aux pratiques agricoles durables.
Par ailleurs, la filière cacao camerounaise doit faire face à une concurrence mondiale de plus en plus rude et accrue, notamment d’autres producteurs africains et des pays émergents. Une compétition qui exige innovation et inventivité, pour une amélioration constante de la qualité, de l’efficacité et de la productivité pour maintenir sa compétitivité sur le marché mondial et assurer la viabilité économique des producteurs locaux.
Baisse de production dans les principaux producteurs
La baisse de production de cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux principaux producteurs mondiaux, semble avoir largement contribué à cette hausse des prix. Le rapetissement de la production dans ces deux pays majeurs a des répercussions majeures sur le marché mondial du cacao : en effet, une baisse de l’offre en provenance de la Côte d’Ivoire et du Ghana entraîne une réduction de l’approvisionnement mondial en fèves de cacao. Et si la demande mondiale de cacao dépasse l’offre disponible, elle entraîne une hausse des prix sur le marché mondial qui profite au Cameroun, réputé fournisseur fiable de cacao de qualité.
La Côte d’Ivoire et le Ghana, les deux plus grands pays producteurs de cacao au monde, qui représentent ensemble plus de 60% de la production mondiale, ont connu une baisse significative de leur production, pour des raisons dont certains experts pensent qu’elles peuvent être climatiques. Selon l’expert en cacao Ousmane Attai, les exportations de fèves brutes de cacao de la Côte d’Ivoire ont chuté de 34%rapporte commodafrica. Quant au Ghana, pour la saison 2023/2024, les exportations de cacao ont chuté d’environ 51 % par rapport à la même période de 2022, selon la rédaction de Africa24. Une restriction de l’offre qui pousse les cours mondiaux du cacao vers des plus hauts.
En définitive, la hausse spectaculaire des prix du cacao au Cameroun reflète un ensemble de paramètres complexes (économiques, politiques et sociaux), dont l’analyse détaillée met en lumière plusieurs éléments clés dont un travail de fond sur la qualité des fèves (Centres d’Excellence) aux politiques de professionnalisation, de valorisation et de durabilité de la filière, ainsi qu’aux tendances mondiales du marché. Comprendre ces dynamiques semble essentiel pour conforter le Cameroun dans sa position actuelle, et anticiper les tendances futures du marché en promouvant la durabilité de l’industrie cacaoyère.
Yves Abissi